Journal d’un sofa obèse
(extrait)
je me suis levé le matin je me suis brossé les dents et je me suis lavé le visage et je me suis assis à table.
(non. En vérité je me suis levé tard je me suis assis à table
ma femme m’a dit qu’il fallait d’abord me brosser les dents et me laver le visage et m’asseoir je me suis brossé les dents et je me suis lavé et je me suis assis à table.)
parce que la soupe chaude réchauffée était devant moi, depuis le matin j’ai baillé profondément
sans faire de bruit la bouche démesurément ouverte
les yeux hideusement fermés comme une bête de zoo.
Inédit, traduit par Patrick Maurus
Sera l’un des poètes invités dans le cadre de notre prochaine biennale Ce lointain si proche (30 mai – 8 juin 2015). Programme en ligne !
Hwang Ji-U est né en 1952 à Baedari (Haenam) en Corée du Sud., il est poète, dramaturge, sculpteur et traducteur. Il étudie l’Esthétique à l’Université de Séoul au Département de Philosophie. La lutte politique perturbe un moment sa vie : en raison de son engagement pour la démocratie de Gwangju, il est arrêté, torturé et chassé de l’Université de Séoul. Il continue ses études à l’Université de Seogang. Actuellement, il est professeur à l’Université Nationale des Arts à Séoul. Il a reçu de nombreuses distinctions : Prix Kim Soo-young (1983) ; prix de littérature contemporaine (Hyundae Munhak) en 1990 ; prix de poésie Sowol (1993) ; prix littéraire de Baekseok et le prix Daesan (1999).
Son œuvre est un compte-rendu poétique des événements quotidiens, des rencontres qu’il fait, avec une attention particulière pour les plus humbles. La nature, où vibrent des résonances bouddhiques, y est aussi omniprésente.
Oeuvres traduites en français :
De l’hiver de l’arbre au printemps de l’arbre , Cent poèmes, traduits du coréen, présentés et annotés par Kim Bona, William Blake & Co. Edit., 2006
Quelques poèmes traduits par Ju Hyoun-jin et Claude Mouchard dans la revue Po&sie (139-140), Corée 2012