Elle
L’île porte les stigmates
Des rires de crécelles
D’enfants venus du large.
A l’ombre des étales
Je goûtais à tes jeux
Nous n’avions pas dix ans
Et tu charriais des trésors
Dans tes poches trouées.
Aux vieillards de la rive
Tu dérobais des fils
Pour y glisser des pierres
En forme de coquillage.
Les poissons étaient borgnes
Et les fruits trop amers
Que tu déposais en tremblant
A l’abri de ma fenêtre.
L’olivier avait un nom,
Je te l’avais confié
Ainsi que l’alphabet
Que l’on grave au silex
Sur le mât des bateaux.
Nous inventions l’un pour l’autre
Des récits fantastiques.
Il y avait des baleines
Au langage curieux,
Il y avait tes paroles ornées de sel
Et nos larmes véritables
Quand l’été déclinant
Nous rendait étrangers l’un à l’autre.
Extrait d’un dialogue poétique, inédit
Sera l’un des poètes invités dans le cadre de notre prochaine biennale Ce lointain si proche (30 mai – 8 juin 2015). Programme en ligne !
Aurélia Lassaque est née en 1983, poète d’expression française et occitane. Elle collabore régulièrement avec des musiciens et des plasticiens et a participé à plusieurs expositions en Europe et en Amérique. Elle est chroniqueuse littéraire sur France 3 Toulouse. Engagée dans la défense de la diversité linguistique, elle est conseillère littéraire du festival « Paroles Indigo » à Arles, dont la marraine est Aminata Traoré.
Dernières publications :
Lo sòmi d’Euridícia – Le rêve d’Eurydice (Éd. les Aresquiers, 2011)
Lo sòmi d’Orfèu – Le rêve d’Orphée (Éd. les Aresquiers, 2011)
La ronda del fènix – La ballade du phénix (Paris, Éditions de la Lune bleue, 2012)
Pour que chantent les salamandres (Paris, éd. Bruno Doucey, 2013).