Grand Tournoi de Poésie des collégiens du Val-de-Marne
Depuis une dizaine d’années, nous tenions régulièrement, tous les deux ans, en même temps que la Biennale, un Prix de poésie des collégiens lors duquel ceux-ci primaient un recueil, parmi cinq sélectionnés par un pré-jury d’enseignants, de poètes, de bibliothécaires et de libraires.
Cette action concernait, à chaque édition, entre 500 et 600 collégiens.
Elle avait le mérite de sensibiliser un certain nombre de collégiens aux écritures d’aujourd’hui mais nous avons observé que le jugement des élèves était dans une certaine mesure conditionné par l’avis des adultes accompagnant. Surtout, cette action, même si elle s’accompagnait d’interventions d’élèves sur scène lors de la cérémonie de remise du prix, ne permettait pas de mobiliser le plus grand nombre de collégiens.
A partir de l’année scolaire 2016-2017, nous modifions la formule pour aller vers un Grand tournoi de poésie des collégiens (quelque chose comme de nouveaux « jeux floraux ») ouvert à tous les collèges du Val-de-Marne, qui débouchera sur :
– la publication sur notre site
– l’édition d’un recueil avec une cinquantaine des meilleurs textes choisis par un collectif de poètes, d’enseignants et d’élèves
– l’affichage dans les villes et la publication de cartes postale avec les meilleurs poèmes primés
ce qui sera valorisant pour les jeunes concernés, leurs enseignants et leurs familles.
Cette formule permettra à toutes les classes de français des collèges du département d’y participer et à tous les élèves d’exprimer leur créativité.
Nous choisirons chaque année un thème, à la fois large et stimulant. Ainsi proposons-nous pour cette première édition la fable (à partir de La Fontaine et Desnos). Dans le contexte d’ordre moral que nous connaissons, il nous paraît intéressant de se réapproprier ce genre à la fois impertinent et réjouissant.
Toutes les classes pourront y participer, mais nous accompagnerons ce « tournoi» d’ateliers dans une dizaine de classes. Des poètes contemporains, connaisseurs de ce genre et le pratiquant, animeront 3 ateliers d’écriture dans les classes qui le souhaiteront (les premières inscrites). Ces 3 séances prises en charge financièrement par la Biennale seront suivies de 3 autres interventions (financées directement par le service culture du conseil départemental) d’un réalisateur de cinéma qui aidera les élèves à faire un montage audiovisuel à partir des fables qu’ils auront écrites. Pour ce faire, le Conseil départemental mettra à disposition de chaque collège participant une table de montage (mashup table).Toute intervention supplémentaire sera à la charge de l’établissement.
Ce sera aussi l’occasion de faire travailler des poètes contemporains sur la même thématique et cela donnera l’occasion d’un dossier de création dans le N°5 de notre Zone sensible (à paraître au troisième trimestre 2016).
La fable
La fable n’est pas un genre fixe, rigoureusement codifié comme peuvent l’être certaines formes poétiques (le sonnet, le rondel, la ballade…). Elle se compose d’un récit imaginaire en vers ou en prose, et d’une moralité qui donne une leçon aux hommes en les invitant à réfléchir ou à agir. La moralité peut-être sous-entendue. Le récit met en scène des personnages, souvent des animaux, qui sont personnifiés c’est-à-dire qu’ils ont des caractéristiques humaines (pensées, défauts, qualités) auxquels le fabuliste donne la parole.
On considère Esope, esclave difforme et plein d’esprit qui serait né 600 ans avant JC et qui rivalisait de bons mots – dit-on – avec son maître, un philosophe grec, comme l’inventeur de la fable. En fait, on ignore s’il a vraiment existé, si c’était une légende ou si, comme pour Le roman de Renard au Moyen-Age, il y a eu des auteurs multiples dont la postérité a perdu la mémoire.
En tous les cas, cette forme de texte terminé par une pique ou une leçon a plu à toutes les époques. La Fontaine s’est beaucoup inspiré d’Esope puisque sur les 242 fables de ses douze livres, 88 en reprennent les thèmes.
Bien avant la Fontaine, Phèdre, auteur latin du 1er siècle s’inspira également d’Esope en inventant la fable versifiée, et inspira lui-même La Fontaine.
La Fontaine s’est inspiré également de Pilpay, l’adaptateur arabe d’un recueil de fables, d’aphorismes, de moralités, écrits en sanscrit, au IIe siècle avant JC : le Pantchatantra. C’est la version persane du Pantchatantra, Kalila et Dimna, qui a en fait circulé dans le monde arabe, et qui est parvenue d’abord en occident. Et au XVIIe siècle, avant et après Les Fables de La fontaine, il y a eu plusieurs traductions de l’ouvrage original, sous le titre Le livre des lumières.
Les Fables de La Fontaine ont été la source de multiples parodies, surtout au XXe siècle, notamment La Cigale et la fourmi (Charles Clerc, Raymond Queneau…) et Le chêne et le roseau (Jean Anouilh..).
Beaucoup de membres de l’OULIPO se sont essayé à des parodies et à des détournements de ces fables à partir de contraintes (Raymond Queneau, jacques Jouet…).
En France, la plupart des successeurs de La Fontaine furent des poètes et la plupart des fables furent écrites en vers (libres ou rimés).
Au vingtième siècle, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Max Jacob, Claude Roy, Jean-Luc Moreau, Andrée Chédid intègrent volontiers des fables dans leurs recueils, tandis que d’autres, moins nombreux, en particulier des poètes comme Robert Desnos (Chantefables et Chantefleurs) et Eugène Guillevic (Fabliettes) publient des recueils entièrement composés de fables ou de poèmes s’apparentant à la fable mais avec une visée plus fantaisiste que didactique.
Ecrire une fable poétique moderne
L’objectif de ce concours est d’écrire une fable poétique en vers rimés ou libres sous les formes suivantes :
– un pastiche : les élèves choisissent un thème qui leur tient à cœur, qui les scandalisent dans notre quotidien, dans notre époque (guerre, terrorisme, écologie….)
– une parodie : les élèves réécrivent et transforment une fable déjà existante avec une visée humoristique, satirique, polémique
– une création originale : par exemple à partir de proverbes qui servent de morale en les prenant tels quels ou en les détournant ou en choisissant deux animaux ou deux personnages (ou plus) qui s’opposent en fonction des qualités qu’on leur prête. Il peut être intéressant également de faire parler des objets du quotidien.
Déroulement et résultat du concours
– Les ateliers (6 séances de 2 heures) commenceront fin septembre 2016 et se termineront début mars 2017
– Publication sur le site de la Biennale de fables célèbres et écrites par des élèves de septembre 2016 à juin 2017
– Les participants au concours devront envoyer leur fable (sous fichier WORD – 2 pages maximum) à Biennaledespoetes@biennaledespoetes.fr avant le 31 mars 2017
– En juin 2017, publication d’un recueil avec une cinquantaine des meilleurs textes choisis par un collectif de poètes, d’enseignants et d’élèves qui se réuniront à la mi-avril 2017. Un exemplaire de ce recueil sera remis à chaque auteur (à la classe s’il s’agit d’un texte collectif, à l’élève s’il s’agit d’un écrit individuel) des cinquante meilleurs textes. En outre deux exemplaires seront remis à chaque CDI des collèges du Val-de-Marne.
– En juin 2017, les meilleurs poèmes primés seront affichés dans plusieurs villes du Val-de-Marne et chaque classe participante recevra un lot de cartes postales.
Conditions de participation
– Toutes classes de collèges du Val-de-Marne de la 6ème à la 3ème
Les fables peuvent être écrites individuellement ou collectivement
– Elèves souhaitant participer en dehors du cursus scolaire
Modalités d’inscription pour les enseignants
Avant le 30 septembre, prendre contact avec :
Nelly George-Picot
Secrétaire générale, chargée du développement culturel et pédagogique
Tél. 01 49 59 88 00 – 06 48 16 39 83
nelly.georgepicot@biennaledespoetes.fr
Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne
8 Promenée Venise Gosnat – 94200 Ivry-sur-Seine